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2018-04-11
L'eau en bouteille, contaminée par des particules de plastique

L'eau en bouteille, contaminée par des particules de plastique

En raison de la croissance démographique, l'eau prend constamment de la valeur; l'eau, cette ressource que nous appelons « l'or bleu » à la fois pour ses enjeux financiers, mais aussi en référence à la richesse que représente cette ressource pour la survie de l'espèce humaine. En effet, la pérennité de l'humain dépend de cette ressource sans laquelle nous ne pouvons vivre. Malheureusement, depuis de nombreuses années maintenant, l'eau embouteillée est largement commercialisée. Les industries ont ainsi transformé cette ressource publique en produit commercial. L'eau en bouteille est supposément un gage de qualité, de pureté, alors que pas moins de 25% à 40% des eaux vendues en bouteille proviennent du robinet! Par ailleurs, l'eau en bouteille n'est peut-être pas aussi pure qu'on essaie de nous le faire croire.
Une très récente étude menée par Sherri Mason, professeure à l'université de l'état de New York à Fredonia au département de géologie et des sciences de l'environnement, a permis de démontrer la présence de particules de plastique dans l'eau en bouteille. Les chercheurs ont testé l'eau de plus de 250 bouteilles dans neuf pays différents dont le Brésil, les États-Unis, la Chine, l'Inde, l'Indonésie, le Mexique, le Kenya, le Liban et la Thaïlande. Le rapport officiel de l'étude a été publié sur la plateforme journalistique à but non lucratif Orb Media : https://orbmedia.org/�/de�/files/FinalBottledWaterReport.pdf

Des échantillons d'eau en bouteille ont été prélevés de plusieurs marques populaires comme Nestle Pure Life, Aquafina, Dasani, Evian, San Pellegrino, Gerolsteiner et Aqua. Il résulte de cette étude que des particules de plastique ont été repérées dans 93% des eaux testées. Lorsque les chercheurs parlent de présence de plastique, il est question plus spécifiquement de polypropyléne, de nylon et de polytéréphtalate d'éthylène (PET). En moyenne, pour chaque litre d'eau, les chercheurs ont trouvé 10.4 particules d'une taille avoisinant les 100 microns (environ 0.10 millimètres), mais ça ne s'arrête pas là puisque les particules de petite taille étaient encore plus nombreuses; celles-ci se chiffrent à 314.6 par litre d'eau. L'étude a été réalisée sur une période de trois mois et elle faisait appel à une technique développée par l'école de chimie de l'Université d'East Anglia en Grande-Bretagne (UEA). La technique permet de visionner les microplastiques en utilisant un colorant luminescent. Pour Andrew Mayes, qui a contrôlé les résultats et la méthodologie de l'étude, il ne fait aucun doute que les résultats obtenus sont cohérents.

Inutile de préciser que l'étendue des risques de l'assimilation de ces particules de plastique par l'humain demeure encore aujourd'hui inconnue. Pour Sherri Mason, il n'en demeure pas moins que la plupart du plastique retrouvé dans l'eau embouteillée proviendrait du processus de mise en bouteille en lui-même (de la bouteille, du bouchon, etc.) Cela dit, l'étude publiée sur Orb Media révélait aussi la présence de microplastiques dans l'eau contenue dans des bouteilles en verre. Selon Sherri Mason, l'eau en bouteille favorise l'entrée de produits chimiques de synthèse dans notre corps, ce qui peut amplifier différentes afflictions chez l'humain. Des particules de plastique sont également présentes dans l'eau du robinet, selon une étude publiée précédemment sur Orb Media, mais en quantité inférieure à celle retrouvée dans l'eau en bouteille.

La présence de particules de plastique dans les eaux embouteillées a de quoi nous inquiéter, car dans certains pays où l'accès à l'eau potable est restreint, les populations se tournent vers l'eau en bouteille pour assurer leur besoin quotidien en eau. Pour Jacqueline Savitz, responsable pour l'Amérique du Nord de l'ONG Oceana, une organisation qui lutte contre la pollution des océans, l'étude de Sherri Mason apporte une raison supplémentaire de limiter la production et la vente de bouteilles d'eau à l'échelle mondiale : « Il est plus urgent que jamais aujourd'hui de faire en sorte que les bouteilles d'eau en plastique soient une chose du passé. » Il est temps de mettre en place des réglementations et des mesures concrètes afin de réduire la production de bouteilles d'eau et de restreindre, voire de supprimer les permis d'embouteillage.

À l'échelle locale, plusieurs collèges et universités ont décidé de sortir les bouteilles d'eau de leurs établissements et d'organiser des campagnes de sensibilisation afin de motiver la population à la consommation de l'eau potable issue du robinet, une eau dont la qualité est très bien au Québec et qui minimiserait les sources de pollution occasionnées par les bouteilles en plastique. L'Université du Québec à Trois-Rivières souhaite conscientiser la population aux enjeux reliés à l'eau potable au Québec : « L'eau embouteillée est plus chère [de cent à mille fois plus] que l'eau du robinet. L'eau potable publique est déjà payée par les taxes municipales et du point de vue éthique, l'eau, un élément essentiel à la vie, ne devrait pas être considérée comme une marchandise commerciale, mais plutôt comme un bien commun universel et un droit fondamental pour chaque individu. » Le document de l'UQTR résume plutôt bien l'approche qui doit être adoptée afin d'assurer une meilleure gestion de l'eau et de favoriser l'environnement. Chaque geste compte. L'eau en bouteille est loin d'être aussi saine que nous le pensions, et la meilleure façon de mettre fin à la commercialisation de cette ressource fondamentale est d'utiliser une bouteille réutilisable et de remplir celle-ci à même notre robinet.


Stéphanie St-Pierre

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