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2020-11-12
La fonte des glaces, un présage inquiétant pour l'humanité

La fonte des glaces, un présage inquiétant pour l'humanité

Le 13 août dernier, des scientifiques de l’Université d’Ohio State ont publié une étude dans la revue Communications Earth and Environnment expliquant qu’au Groenland, la fonte de la calotte glaciaire a atteint un seuil irréparable, en ce sens que « même si le réchauffement s’arrêtait aujourd’hui », la calotte glaciaire continuerait de rétrécir, car les chutes de neige ne peuvent désormais compenser les pertes de glace. Le communiqué publié dans cette revue scientifique explique en outre que « les glaciers du Groenland ont en quelque sorte franchi un point de non-retour, où les chutes de neige qui reconstituent la calotte glaciaire chaque année ne peuvent plus contrebalancer la glace qui s’écoule des glaciers vers l’océan. » En effet, cette île de deux millions de kilomètres carrés recouverte à 85 % de glace se réchauffe deux fois plus rapidement que le reste de la planète. Ces données sont inquiétantes, et ce, pour de nombreuses raisons.

Comme nous sommes géographiquement éloignés du Groenland et des espaces où la fonte des glaces s’accélère prématurément, il semble que nous éprouvions des difficultés à prendre conscience de ce que représente véritablement la fonte de la calotte glaciaire. Et pourtant, il va sans dire que les conséquences de cette fonte seront planétaires. Les chercheurs expliquent notamment que cette fonte est équivalente à trois millions de tonnes d’eau ou, de façon plus imagée, au contenu de six piscines olympiques par seconde. Il est essentiel de saisir la portée d’une telle situation.

La fonte des glaciers constitue l’une des plus importantes sources de l’élévation du niveau des mers. Le Groupe d’experts intergouvernemental sur l’évolution du climat (GIEC) évalue que le niveau des mers a déjà augmenté de 15 cm au 20e siècle, ce qui est énorme ! Puis, une étude récente de l’Université de Lincoln au Royaume-Uni évalue que la fonte des glaciers au Groenland pourrait bien contribuer à une hausse du niveau des mers de 10 à 12 cm. Une telle augmentation du niveau des eaux aura des répercussions sur l’existence de dizaines de millions de personnes à travers le monde qui vivent le long des côtes. D’ailleurs, un article publié dans la revue Nature Climate Change, dans les derniers jours, par le professeur Dan Shugar, géographe à l’université de Calgary, explique que l’eau provenant de la fonte des glaciers finit ensuite par former de vastes lacs qui pourraient, dans un avenir prochain, constituer une menace.

Des millions d’individus seront ainsi exposés à des risques d’inondations et autres intempéries causés par la fonte des glaces. Pire, il faut bien comprendre que la fonte de la calotte glaciaire n’est pas seulement un symptôme du changement climatique, elle est aussi un facteur du réchauffement de la planète ! Ce phénomène s’explique aisément dans la mesure où lorsque la glace fond, c’est l’océan qui fait office de remplaçant ; au contraire des glaciers, il réverbère moins les rayons du soleil et les absorbe, ce qui a pour effet de précipiter le dégel.

Ce qui se passe au Groenland et ailleurs, en ce qui a trait à la fonte de la calotte glaciaire, ne devrait absolument pas être minimisé tant par les instances gouvernantes que par l’ensemble de la population qui peuple la Terre, car à court, moyen et même à long terme, les répercussions sur nos zones habitables et notre mode de vie seront dévastatrices.

Que l’étude publiée dans Communications Earth and Environnment mentionne expressément l’idée d’un point de non-retour et donc, de l’incapacité d’un retour en arrière a de quoi nous alarmer. On ne peut décemment aborder un tel phénomène à la légère. Le plus terrible dans pareil contexte, c’est qu’il ne s’agit plus d’une hypothèse évoquée par les scientifiques, mais d’un état de fait. Voilà ce qui est : le seuil a été franchi, notre ère sur cette planète se fragilisant peu à peu. Cela dit, savoir qu’un seuil a été franchi de façon irrémédiable quant à la fonte de la calotte glaciaire, ne veut absolument pas dire qu’il n’est pas important d’essayer d’amenuiser le réchauffement climatique. Chaque dixième de degré peut limiter le niveau d’élévation des mers.

L’un des premiers gestes que nous devons poser afin de ralentir cette fonte est d’accélérer la mise en œuvre de l’accord de Paris sur le climat qui a pour objectif de limiter le réchauffement planétaire à 2 degrés par rapport à l’ère préindustrielle. Le réel problème réside ainsi dans le fait qu’il y a un écart monumental entre ce que nous devrions faire et ce qui est réellement fait. En tant que citoyens, notre pouvoir réside en la mobilisation afin de forcer l’État à sortir de l’inaction politique et à prendre des engagements clairs pour l’environnement et la population. La responsabilisation citoyenne ne peut être qu’un vecteur de changement.

Stéphanie St-Pierre

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