Marché local
2018-04-20
Les vêtements comme enjeu éthique et environnemental

Les vêtements comme enjeu éthique et environnemental

Chaque printemps, c'est le moment de la routine saisonnière pour nombre de consommateurs. On trie sa garde-robe et on y fait de la place pour de nouveaux morceaux à saveur plus estivale ; c'est le « ménage du printemps » comme on dit. C'est humain d'aimer le changement et de vouloir que sa garde-robe soit signe de nouveauté, mais il est important de tenir compte des enjeux éthiques et environnementaux liés à l'industrie du textile. La rubrique de la semaine a pour objectif de faire le point sur ces enjeux et d'envisager sa garde-robe sous un regard écologique et responsable. Il est important de comprendre que l'achat d'une pièce de vêtement, même si celle-ci nous apporte du plaisir, a aussi ses aspects négatifs comme l'exploitation des travailleurs dans des milieux précaires et la pollution occasionnée pour l'environnement.
En août 2016, le journal LeDevoir rapportait que les Québécois achètent, en moyenne, 26kg de textiles par année, alors qu'ils en jettent 23kg durant la même année. On jette donc presque autant que ce que nous achetons annuellement. De ces textiles mis au rebut, 40% prennent la route du site d'enfouissement, 5% seulement sont vendus dans les friperies, 30% sont remis dans la chaîne de fabrication pour être recyclés et les 25% restants sont réacheminés dans d'autres pays, pour aider des populations dans le besoin ou pour être vendus à faible coût dans les marchés populaires. En tant que consommateur, on peut décemment s'interroger sur les fondements de consommer autant de textiles chaque année. L'auteure du livre Magnifeco, Kate Black, rapportait que 1% des entreprises œuvrant dans l'industrie de la mode ont adopté un comportement éthique. Considérant qu'environ 150 milliards de pièces de vêtements sont produites chaque année, le constat qui découle du consumérisme actuel est bien triste.
Dans les dernières années, on a beaucoup parlé de l'importance de sensibiliser la population à la consommation responsable en ce qui a trait à la nourriture, mais le travail n'a pas été fait aussi assidûment à propos de l'industrie du textile. Pourtant, cette industrie est un peu devenue le symbole de l'exploitation des travailleurs et d'une précarité d'emploi. Par ailleurs, l'industrie du coton est extrêmement polluante. Dans son livre, Kate Black explique que le coton pousse dans 80 pays différents, et à lui seul, il compte pour 14% des insecticides agricoles et pour 6.2% de tous les pesticides. Il est donc essentiel de garder à l'esprit qu'« acheter, c'est voter »; en achetant, on cautionne l'industrie. Sans totalement remettre en question notre garde-robe, en tant que consommateur écoresponsable, on peut se demander quoi faire des vêtements que nous n'utilisons plus. Avant de les jeter, on doit penser au « 3RV » : réduire, réutiliser, recycler et valoriser. Peut-on offrir nos vieux vêtements, les donner, les réutiliser sous forme de chiffons ou leur donner une nouvelle utilité? Lorsque nous recyclons nos vêtements, nous les remettons dans la chaîne de fabrication afin que ceux-ci soient utilisés de plusieurs autres façons. Au Québec, Certex, le plus grand centre de revalorisation textile de la province, reçoit environ 6000 tonnes de vêtements chaque année. Le rôle de ce centre est de permettre au textile d'avoir une seconde vie. Plusieurs options sont possibles : donner à la population dans le besoin, créer de nouveaux vêtements, miser sur la valorisation énergétique, etc. Pour obtenir davantage d'informations, vous pouvez vous rendre sur le site : www.certexcanada.com.
Si les centres de revalorisation textile ont leur rôle à jouer dans la récupération de nos matières textiles, il n'en demeure pas moins que le consommateur doit aussi faire sa part et y mettre du sien. La consommation éthique ne se limite pas à l'achat de vêtements de designers locaux, ou à l'achat dans des friperies, mais il s'agit surtout d'être conscients de nos achats et de se poser plusieurs questions avant d'acheter : Ai-je vraiment besoin de cette pièce de vêtement? Quelle est la provenance de ce produit? De quelle matière est-il fait? Est-ce que ce vêtement sera porté plusieurs fois? Voilà plusieurs questions que nous devons nous poser lorsque nous achetons un nouveau morceau de vêtement. Réutiliser, recycler, valoriser, c'est important, mais ce qui est le plus bénéfique pour l'environnement, c'est la réduction de nos achats d'où l'intérêt d'être conscients de nos besoins réels. Protéger l'environnement ne se limite pas à l'adoption d'habitudes alimentaires saines; il s'agit d'étendre ces habitudes à notre mode de consommation de façon générale.

Stéphanie St-Pierre

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