Marché local
2019-05-06
Quand la Terre se meurt, le citoyen se lève.

Quand la Terre se meurt, le citoyen se lève.


Le mois dernier, Environnement Canada publiait un rapport sans équivoque expliquant que le climat canadien se réchauffe deux fois plus rapidement que la moyenne mondiale (https://changingclimate.ca/fr/), ce qui est directement imputable à l’activité humaine et à notre utilisation croissante des énergies fossiles. Les effets de ce réchauffement prennent plusieurs formes : l’augmentation de la fréquence et de l’intensité des chaleurs intenses qui provoquera des risques accrus de sécheresses et de feux de forêt, l’augmentation des précipitations de pluie et de neige qui accroîtra les risques d’inondation, la réduction de la disponibilité saisonnière de l’eau douce qui tendra vers une pénurie d’eau, etc. Les seuls à blâmer pour ces catastrophes naturelles toujours croissantes sont les êtres humains ; ils sont aussi les seuls à pouvoir mettre un frein à cette violence exercée sur le patrimoine environnemental mondial.

Depuis 2005, un groupe international d’experts scientifiques, le Group on Earth Observations (GEO) a été constitué afin d’observer la Terre et de mesurer les conséquences des activités humaines. Par maintes études, les scientifiques attestent que nous appartenons actuellement à l’Anthropocène, soit une période durant laquelle l’influence de l’être humain sur la biosphère a atteint un tel niveau qu’elle est devenue une « force géologique » majeure ayant la capacité de marquer la lithosphère (enveloppe rigide de la surface de la Terre). L’Anthropocène, aussi appelée l’Ère de l’Homme, marque un tournant à travers lequel l’être humain, par ces activités d’exploitation, produit un impact significatif sur l’écosystème terrestre. L’augmentation exponentielle de la consommation, l’extraction toujours plus abondante des énergies fossiles, l’agriculture intensive, la surpêche, la déforestation et la destruction des habitats ne sont que quelques menus exemples de la brutalité de l’Homme sur la nature.

Démanteler, éviscérer, détruire, éradiquer, pulvériser ; la violence de ces mots n’a d’égal que les actions perpétrées par l’espèce humaine sur son environnement. N’y a-t-il finalement que l’être humain pour compromettre ainsi sa propre espèce par dénégation et narcissisme ? Le temps de la prise de conscience individuelle et collective est dépassé. Avec la même ferveur que mettent les industries d’hydrocarbures à éradiquer toute possibilité de survie de l’humain, les citoyens et les instances gouvernantes ont le devoir d’agir. Nous ne pouvons que saluer les marches pour le climat, les mobilisations citoyennes pour revendiquer des actions concrètes pour la réduction des émissions de gaz à effet de serre et les gestes patents et quotidiens des citoyens en vue de réduire leur empreinte écologique. Le 6 juin prochain, Environnement jeunesse défendra sa demande visant à entamer une action en justice contre le gouvernement fédéral du Canada ; ce dernier est accusé de violer les droits fondamentaux des jeunes générations en adoptant un plan de lutte contre les changements climatiques inadéquat et dont les objectifs sont toujours revus à la baisse. La requête invoque l’article 1 de la Charte québécoise des droits et libertés de la personne qui stipule que « tout être humain a droit à la vie, ainsi qu’à la sûreté, à l’intégrité et à la liberté de sa personne ». On se souviendra aussi que l’article 46.1 prévoit que « toute personne a droit, dans la mesure et suivant les normes prévues par la loi, de vivre dans un environnement sain et respectueux de la biodiversité. » Cette action collective s’inscrit dans la même logique que celles intentées par des citoyens contre le gouvernement de la Nouvelle-Zélande, des Pays-Bas, etc.

Si je salue de telles actions, je demeure sans voix devant les tentatives éhontées des instances au pouvoir de se donner  bonne conscience en posant « ça et là » des gestes soi-disant pour l’écologie, alors que d’un autre côté, ils assènent des coups de massue d’une rare barbarie à la biodiversité. Dans un entretien au sujet du rapport publié par la plateforme intergouvernementale scientifique et politique sur la biodiversité et les services écosystémiques (IPBES), Rebecca Shaw, scientifique en chef de la WWF (Fonds mondial pour la nature) soutient que « si nous voulons une planète durable qui fournit des services aux communautés du monde, nous devons changer de trajectoire dans les 10 prochaines années, comme nous devons le faire pour le climat. » Le rapport établit un lien très étroit entre les deux menaces majeures que sont le réchauffement climatique et les atteintes à la nature.

Les inondations et les « vagues » de chaleur ne sont pas des phénomènes météorologiques imprévisibles, elles sont plutôt les résultantes de nos actions sur la nature. Si aucun citoyen ne mérite le sinistre de son habitation, la Terre ne « mérite » guère davantage de subir l’avidité de l’espèce humaine. Cette dernière dépend de la nature et pourtant, elle la détruit méthodiquement. Si je peux comprendre la résistance de certains au changement, je ne peux accepter le refus de mes pairs, et surtout des instances gouvernantes de mettre en place des réformes nécessaires, même si cela nous force à renoncer à notre mode de vie privilégié. Un accord international doit, de toute urgence, être mis sur pied. Ce n’est pas en demeurant dans l’attente qu’il se produira un changement, mais dans la mobilisation. Continuez de valoriser la sauvegarde de la biodiversité et la réduction de vos émissions de GES par vos paroles et par vos actes. Incarnez les changements que vous souhaitez voir advenir autour de vous. Plus les valeurs d’écologie et de responsabilité citoyenne seront ancrées dans notre quotidien, plus elles auront du poids dans la balance lors des prises de décisions étatiques. Que nous soyons au début ou à la fin de notre existence, rien ne peut nous dispenser de nos devoirs humains et citoyens.


Stéphanie St-Pierre

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