Marché local
2018-03-11
La réduction de notre impact environnemental passe-t-elle par une alimentation végétale?

La réduction de notre impact environnemental passe-t-elle par une alimentation végétale?

Les dernières années ont été marquées par un essor important du végétarisme et du végétalisme au Canada et dans plusieurs pays occidentaux. Ici, À Montréal, le végétarisme et le végétalisme sont maintenant omniprésents. Le consommateur végétarien, végétalien ou végan a de plus en plus d'options qui s'offrent à lui dans les restaurants, mais aussi dans les commerces d'alimentation et les boutiques spécialisées. Dans la même mouvance que la montée du végétalisme, on retrouve aussi la tendance du « zéro déchet » et du locavorisme qui valorisent une réduction de nos déchets, une consommation de produits locaux, le tout visant ultimement la réduction de notre empreinte écologique. L'ensemble de ces tendances a en commun un intérêt marqué pour la sauvegarde de l'environnement. Le consommateur éco-responsable (de moins en moins minoritaire) tente de plus en plus de minimiser son empreinte écologique en adoptant des habitudes de vie saines et responsables. Nous avons conclu la rubrique de la semaine dernière par une interrogation qui sera le sujet de la rubrique du jour : Le végétarisme ou le végétalisme permettrait-il une meilleure sauvegarde de l'environnement?

Nous posons cette question, non pas dans le but de pointer du doigt les coupables, mais plutôt dans celui de se familiariser avec des réalités environnementales qui nous touchent tous en tant qu'habitant de la Terre. L'humain a un impact environnemental immense sur les conditions planétaires; pensons au réchauffement climatique, à la pollution des sols et des nappes phréatiques, à la déforestation, etc. L'empreinte carbone a des conséquences indéniables sur l'écologie et l'une des manières de les réduire passe par l'alimentation. Les experts estiment que le secteur alimentaire est à l'origine de près du quart des émissions de gaz à effet de serre humaines. Dans pareille circonstance, comment s'alimenter si l'on souhaite éviter de détruire l'environnement? Quel régime alimentaire est le plus éco-responsable?

Si l'on fait la somme de l'ensemble des études qui ont été produites sur le thème de l'impact des différents régimes alimentaires sur la biodiversité, il est difficile de trancher et de dire avec exactitude quel régime est le « meilleur » pour la sauvegarde de la planète. Néanmoins, certains faits nous permettent de comprendre ce qui est « éviter ou, au contraire, » valoriser. Shrink That Footprint a mené une étude sur cinq régimes alimentaires : le « Meat lover », le régime alimentaire moyen américain, le régime sans bœuf, le régime végétarien et le régime végan. Au terme de cette étude, les experts ont conclu que le régime végétarien et le régime végan sont ceux qui possèdent l'empreinte carbone la plus faible, avec respectivement 1.7 tonnes et 1.5 tonnes d'émissions de CO2 par personne et par an. Sans surprise, le « Meat lover » est le plus polluant, avec 3.3 tonnes d'émissions de dioxyde de carbone par personne et par an. Cela dit, lorsque nous supprimons le bœuf et l'agneau de notre alimentation, nous nous rapprochons du régime végétarien avec 1.9 tonnes d'émissions de CO2 par personne et par an. Cette étude s'appuie sur des données états-uniennes (peu d'études existent au Canada sur ce sujet); en s'adaptant au contexte géographique du Canada ou du Québec, il pourrait y avoir des différences, mais ces statistiques offrent tout de même un aperçu des régimes alimentaires ayant l'empreinte carbone la plus faible.

En 2016, Corinne Côté a publié un essai à l'Université de Sherbrooke dans lequel elle fait l'analyse carbone de deux régimes : le végétalisme et le locavorisme. Elle a comparé l'alimentation végétale avec le régime alimentaire local pour en arriver à la conclusion que le végétalisme possède l'empreinte carbone la plus faible. En entrevue pour le journal LaTribune, Corinne Côté affirme : « J'étais plus ou moins surprise, parce que plus je faisais de recherches et plus je lisais, plus je me rendais compte que l'impact en GES de la viande est tellement élevé que je me doutais bien que si on avait de la viande dans l'assiette deux ou trois fois pendant la semaine, ce serait plus élevé que toutes les émissions du transport représentées par les aliments végétaliens. »

Si plusieurs études concluent que les régimes végétarien et végétalien ont l'impact environnemental le plus faible, il ne s'agit pas pour autant d'affirmer que le végétalisme est la « seule » option envisageable. Il est important d'apporter des nuances à ces données. En effet, l'empreinte carbone sera moindre pour un végétalien qui consomme des légumes qui nécessitent peu d'énergie et peu d'eau. Les asperges ou le soya, par exemple, sont très gourmands. Il en va de même pour le type de culture. Une culture biologique sera beaucoup moins nocive pour l'environnement qu'une culture conventionnelle. Ce ne sont que quelques exemples des facteurs qui peuvent influencer négativement notre empreinte écologique, mais il y en a beaucoup d'autres.

Être éco-responsable dans son alimentation ne se traduit pas seulement par l'adoption d'un régime alimentaire spécifique; il s'agit surtout de faire preuve de bon sens en accordant une importance particulière à la provenance des produits que l'on consomme, à la technique de culture ou d'élevage utilisée et à la quantité consommée. Le « vivre-ensemble », c'est savoir faire les choix les plus viables pour la société et l'environnement; le « vivre-ensemble », c'est prendre des décisions éclairées pour assurer le bien commun.


Stéphanie St-Pierre

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